Présentation des orchidées en Revermont par Paul Cattin, conservateur général du Patrimoine, ancien directeur des Archives départementales de l'Ain :
Les orchis aux couleurs éclatantes :
Dès la fin avril, l'orchis morio ou bouffon semble sortir des buis. La plante est courte, mais les fleurs d'un pourpre profond attirent aussitôt le regard dans l'herbe encore rase.
L'orchis mâle est une belle plante, assez grande, aux fleurs rouges groupées en un épi assez lâche mesurant parfois une vingtaine de centimètres.
L'orchis militaire doit son nom à sa fleur ressemblant à un petit personnage couvert d'un gros casque. Celui-ci est, dans notre région, violet très pâle à l'extérieur et violet rosé à l'intérieur, veiné de pourpre foncé.
L'orchis pyramidale dresse son épi rouge très conique au-dessus des graminées des pelouses maigres et ne peut passer inaperçu dans les pâturages de juin.
L'orchis brûlé, lui aussi, porte bien son nom avec ses petites fleurs groupées en épi dense, très sombre au sommet et presque blanc à la base.
Très curieux, l'orchis homme pendu dont chaque fleur imite parfaitement un petit bonhomme, bras et jambes ballants, comme pendu à un gibet. Mais, malgré sa relative abondance, il peut passer inaperçu car ces fleurs verdâtres discrètement veinées d'ocre ressortent peu sur l'herbe des près.
L'orchis bouc ou loroglosse a odeur de bouc est spectaculaire avec son grand épi dont chaque fleur possède à la fois un très long éperon et un labelle démesuré (jusqu'à 6 cm) qui lui confère une allure échevelée. C'est une grande plante vert grisâtre qui mesure parfois 60 à 80cm. C'est la plus grande de nos orchidées et qui se distingue encore par sa très forte odeur de bouc qui signale sa présence dans les près alors même qu'elle ne dépasse pas encore les graminées alentours.
Orchis morio Orchis brûlé Orchis homme pendu Orchis pyramidal
Elles miment les insectes : les ophrys
A côté des orchis, nos collines de faibles ou de moyennes altitudes recèlent des fleurs encore plus décoratives, mais aussi plus discrètes en raison de leur taille très modeste : les ophrys. Leur labelle velouté est orné de dessins variés qui rappellent étrangement le corps d'araignée ou d'abeilles, c'est pourquoi on les appelle parfois "fleurs insectes". Les épis comportent peu de fleurs et celles-ci s'épanouissent les unes après les autres, rarement plus de deux ou trois à la fois. Les ophrys sont le plus souvent moins hauts que les plantes ou les graminées qui les entourent, ce qui les fait passer inaperçus si on ne les cherche pas.
Le premier à fleurir, dès la fin d'avril, est l'ophrys araignée qui possède des sépales verdâtres et un labelle brun jaunâtre arrondi qui fait penser à une grosse épeire. Comme les autre ophrys, il pousse sur des terrains secs et pauvres occupés auparavant par d'anciennes vignes.
L'ophrys mouche présente des fleurs assez petites aux sépales verts, avec un label pourpre foncé agrémenté d'une tache bleue en son milieu. Cette fleur ressemble à une femme élégante parée d'une belle robe de velour.
L'ophrys abeille fait partie des belles espèces à sépales roses; le grand labelle arrondi et bombé à de multiples couleurs, accompagné de deux petits lobes latéraux veloutés.
L'ophrys frelon ou bourdon a aussi des sépales rosés et des pétales triangulaires veloutés.Son labelle st d'un brun pourpre plus ou moins bordé de jaune avec en son milieu, un dessin irrégulier. Il porte à sa base deux bosses coniques. Les ophrys abeilles et bourdon sont parfois difficiles à distinguer en raison de leur hybridation qui multiplie la variété des formes.
Ophrys abeille
D'élégantes personnalités :
En plus des deux groupes principaux d'orchidées, les orchis et les orphys, on rencontre le céphalanthère blanche aux fleurs ovoïdes et laiteuses placées en épis lâches ou encore la platanthère à deux feuilles, belle orchidée aux fleurs blanches et gracieuses, facilement reconnaissable aux deux feuilles larges et luisantes qui lui donnent son nom.
La grande listère ou listère à feuilles ovales affectionne plutôt les endroits plus humides, lisières et fourrés ou bords des chemins. Elle vit souvent en colonie, mais ses épis verts aux fleurs petites et lâches a font passer inaperçue et sa beauté ne se dévoile qu'à la loupe !
Enfin citons le curieux spiranthe d'automne , vraiment atypique, qui ne fleurit qu'en août et septembre, bien après les autres orchidées, à une époque où on ne les cherche plus, et dont la tige, avec ses petites fleurs blanches, s'élève en torsade, en sortant de terre à côté de sa rosette de feuilles !
Céphalanthère blanche
Toutes ces orchidées font la richesse de notre flore, mais sont tributaires du maintien d'un équilibre fragile. Les landes qui les abritent et leur permettent seules de se reproduire, sont menacées moins par l'action directe de l'homme que par le boisement progressif de ces terrains pauvres abandonnés par l'élevage. Observons-les pendant qu'il en est encore temps et écoutons d'une oreille plus attentive ce qui veille à leur survie.